jeudi, novembre 15, 2007

Le quizz des retraites (2)

Une nouvelle déclaration de notre cher Bernard Thibault :
"les régimes spéciaux sont par définition coûteux pour la collectivité. Ce n'est pas vrai : plusieurs des régimes spéciaux ont des résultats financiers qui les amènent à contribuer à l'équilibre du régime général"
Vrai ? faux ?

Faux ! Bernard Thibault fait allusion au mécanisme de compensation démographique, qui règle les transferts entre les différents régimes selon leur situation démographique, et non pas leur situation financière.
L'explication est la suivante : certains régimes, et en particulier les régimes agricoles (salariés et exploitants agricoles) sont extrêmement déséquilibrés : ils comportent beaucoup plus de retraités que de cotisants. Ainsi, l'ensemble des régimes, y compris les régimes spéciaux (RATP), participent au financement des régimes des agriculteurs.
Mais qui dit équilibre démographique ne veut pas dire équilibre technique. Ainsi, le régime de la RATP contribue à hauteur de 25 millions d'euros au titre de la compensation démographique... pour avoir au final un déficit technique de 323 millions d'euros !
Le régime de retraite de la SNCF, lui, est bénéficiaire du système de compensation, à hauteur de 8 millions... une goutte d'eau par rapport à son abyssal déficit compensé par l'état : près de 3 milliards.

Tout ceci est longuement expliqué sur le rapport du Sénat.

dimanche, novembre 11, 2007

Le quizz des retraites (1)

Entendu ce soir sur France Inter par la bouche de Bernard Thibault :
"Il faut savoir que la moitié des cheminots partent à la retraite sans avoir le plein de leurs droits"
, ce qui abonderait dans le sens qu'ils ne sont pas vraiment du côté des privilégiés.

Vrai ? faux ?.... Vrai ! Pour avoir le taux plein, il faut avoir cotisé 40 ans dans le régime public et seulement 37,5 ans dans le régime de la SNCF. Les cheminots partant en moyenne à la retraite dès l'âge de 50 ans - rappelons-le, sans décote - donc avant d'avoir cotisé au taux plein de leur régime, alors même que celui-ci requiert une durée de cotisation plus courte que dans le régime général.

Et pourquoi partent-ils dès 50 ans, alors même qu'ils n'ont pas cotisé à taux plein ? parce que la SNCF, a la faculté, interdite dans le privé, de mettre d'office à la retraite les salariés qui ont atteint l'âge légal de départ à la retraite.

En d'autres termes, la direction de la SNCF profite (profitait) d'un système de retraite extrêmement avantageux financé par l'état pour gérer sa pyramide des âges. Dans le privé, ce système s'apparente à de la préretraite, à la différence près que les préretraites sont financées par l'entreprise, et non par la collectivité.

samedi, novembre 10, 2007

Les régimes de retraite avant la réforme

Encore une excellente infographie du Monde :




Celle-ci, sur un sujet aussi complexe, est forcément réductrice:
1) Tout d'abord,le régime général n'est pas calculé sur les 25 meilleures années : c'est la part "régime de base" (Sécurité Sociale) qui l'est. Les régimes dit "complémentaires" (Arrco et Agirc) sont des régimes en point dont les prestations sont calculées sur l'ensemble de la carrière. Ceci rend la comparaison encore plus favorable pour les régimes spéciaux.

2) Les primes du secteur public sont-elles incluses dans le calcul de la retraite ? Oui, depuis 2005, c'est la RAFP (Retraite Additionnelle de la Fonction Publique).

3) Un petit mot sur la décote. Les régimes spéciaux n'ont pas de décote : si vous travaillez, disons, 5 ans de moins, votre prestations sera minoré proportionnellement à la durée de cotisation, soit 5/37,5e. Cela vous parait juste ? Eh bien, non. Car, la durée de prestation, en prenant une espérance de vie de l'ordre de 75 ans, sera de 20 ans au lieu de 15 ans, soit 33% de plus au bénéfice du retraité.
Le régime général, lui, tient compte de la durée de retraite qui sera (en moyenne) plus longue, en diminuant les prestation par année de cotisation manquante. Pour les fonctionnaires, la décote est mise en place progressivement jusqu'en 2013. Les régimes spéciaux n'ont pas de décote : voilà la vraie injustice.

4) Par contre, ne jetons pas la pierre en considérant le chiffre brut du déficit des régimes (3 milliards d'euro pour celui de la SNCF - excusez du peu). Ces régimes sont victimes de leur générosité, mais aussi de leur démographie : étant en groupe fermé, ils ne vérifient pas l'équilibre actifs/retraités nécessaires à leur pérennité. Pour rester sur le régime de la SNCF, il comporte plus de retraités que de cotisants, ce qui n'est le cas de la population générale. Le fait qu'il faille les réformer n'empêche pas que la solidarité nationale doive les financer : c'est la juste "compensation démographique" qui s'applique entre les régimes.

En d'autres mots, lorsque Le Monde titre "des régimes en mal de cotisants", il semble insinuer que ce manque de cotisants est une raison de les réformer. Non : ce n'est pas parce qu'ils sont en manque de cotisants qu'il faut les réformer, ce n'est pas non plus parce que l'état verse 3 milliards d'Euro au régime de la SNCF que ce régime est inéquitable. Réciproquement, si les régimes comprenaient suffisamment de cotisants, ce qui les rendraient bénéficiaires...ils seraient quand même coûteux et inéquitables. La réforme se justifie au nom de l'équité, et du partage de la richesse nationale entre actifs et les retraités.