Encore une excellente infographie du Monde :
Celle-ci, sur un sujet aussi complexe, est forcément réductrice:
1) Tout d'abord,le régime général n'est pas calculé sur les 25 meilleures années : c'est la part "régime de base" (Sécurité Sociale) qui l'est. Les régimes dit "complémentaires" (Arrco et Agirc) sont des régimes en point dont les prestations sont calculées sur l'ensemble de la carrière. Ceci rend la comparaison encore plus favorable pour les régimes spéciaux.
2) Les primes du secteur public sont-elles incluses dans le calcul de la retraite ? Oui, depuis 2005, c'est la RAFP (Retraite Additionnelle de la Fonction Publique).
3) Un petit mot sur la décote. Les régimes spéciaux n'ont pas de décote : si vous travaillez, disons, 5 ans de moins, votre prestations sera minoré proportionnellement à la durée de cotisation, soit 5/37,5e. Cela vous parait juste ? Eh bien, non. Car, la durée de prestation, en prenant une espérance de vie de l'ordre de 75 ans, sera de 20 ans au lieu de 15 ans, soit 33% de plus au bénéfice du retraité.
Le régime général, lui, tient compte de la durée de retraite qui sera (en moyenne) plus longue, en diminuant les prestation par année de cotisation manquante. Pour les fonctionnaires, la décote est mise en place progressivement jusqu'en 2013. Les régimes spéciaux n'ont pas de décote : voilà la vraie injustice.
4) Par contre, ne jetons pas la pierre en considérant le chiffre brut du déficit des régimes (3 milliards d'euro pour celui de la SNCF - excusez du peu). Ces régimes sont victimes de leur générosité, mais aussi de leur démographie : étant en groupe fermé, ils ne vérifient pas l'équilibre actifs/retraités nécessaires à leur pérennité. Pour rester sur le régime de la SNCF, il comporte plus de retraités que de cotisants, ce qui n'est le cas de la population générale. Le fait qu'il faille les réformer n'empêche pas que la solidarité nationale doive les financer : c'est la juste "compensation démographique" qui s'applique entre les régimes.
En d'autres mots, lorsque Le Monde titre "des régimes en mal de cotisants", il semble insinuer que ce manque de cotisants est une raison de les réformer. Non : ce n'est pas parce qu'ils sont en manque de cotisants qu'il faut les réformer, ce n'est pas non plus parce que l'état verse 3 milliards d'Euro au régime de la SNCF que ce régime est inéquitable. Réciproquement, si les régimes comprenaient suffisamment de cotisants, ce qui les rendraient bénéficiaires...ils seraient quand même coûteux et inéquitables. La réforme se justifie au nom de l'équité, et du partage de la richesse nationale entre actifs et les retraités.